Cette remarque est issue d'un constat qui remonte loin dans le temps mais puisque rien ne bouge, il faut bien de temps en temps secouer le prunier de la PEB.
Elle revient sur des calculs comparatifs de la part de consommation énergétique due à l'inétanchéité à l'air, pour 3 logements de surface Ach et de volume identique, mais de surfaces de déperditions différentes.
Le résultat est que ces 3 logements ne sont pas traités d'une manière équitable par la méthode de calcul PEB pour le poste de l'inétanchéité à l'air.
Et l'importance relative de cette inéquité augmente avec la qualité thermique des parois de déperditions des logements, alors que les débits dus à l'inétanchéité n'en dépendent pas.
Selon les cas, ce traitement inéquitable a une incidence sur le résultat de leur certificat PEB, ou encore sur les dépenses nécessitées par l'obligation de respecter des résultats de labels de certification en audit, ou des exigences PEB, par exemple.
Cela pourrait aussi avoir des conséquences pénibles pour les propriétaires de logements, si la Région décide de baser sa politique énergétique future sur des certificats PEB tels qu'ils sont calculés pour le moment.
Sur ce forum, on a déjà amplement montré le manque de fiabilité des certificats PEB basés sur les méthode et protocole actuels.
Bref, si on veut traiter les logements d'une manière équitable, il faudrait se baser sur le taux de ventilation par inétanchéité, et non pas sur le débit spécifique par rapport au total des surfaces de transmission.
La remarque se termine sur un rappel d'une remarque précédente de la campagne de 2013 sur la ventilation PEB en général (hygiénique et par inétanchéité).
Elle est numérotée n° 80.11, page 30 des préliminaires du 13.03.2014 de l'expertise demandée par la DGO4 en 2013 (ci-dessous).
Elle revient notamment sur la comparaison entre des débits de ventilation hygiénique de 25 logements audités (avec un calcul selon la NBN 0-001) et les débits calculés selon la formule utilisée dans la méthode PEB, document qui date du 28.02.2010 et qui avait été transmis au responsable PEB de l'époque.
Cette comparaison montre un décalage systématique entre les 2 courbes d'allure exponentielle, s'écartant de plus en plus pour des grands volumes.
La conclusion est que la ventilation hygiénique PEB ne devrait pas être basée sur le volume protégé, mais sur les surfaces à ventiler où, par le biais de la NBN 50-001, il y a des débits limités par des maximums et des minimums.
Ainsi, un bâtiment volumineux n'aurait pas nécessairement un débit de ventilation beaucoup plus important qu'un autre plus petit.
Cela dépend principalement du nombre de pièces à ventiler, de leur nature et de leurs surfaces.
Tant en PEB qu'en audits, la méthode demande aux opérateurs (Responsable PEB ou Auditeur-logement), de fournir les surfaces des pièces sèches et des pièces humides pour en calculer les débits de ventilation hygiénique selon la NBN 50-001.
Une discordance entre la législation PEB et les audits avait cependant été relevée avec la remarque n° 33 du 07.07.2020, concernant les châssis des pièces sèches à remplacer.
Rien n'a évolué à ce propos.
L'encodage systématique des surfaces des pièces sèches et des pièces humides pourrait être inscrit dans le protocole de la certification PEB, et servir au calcul des débits, pour placer les 3 méthodes sur le même pied sur ce point.
Enfin, la modification de la méthode de calcul PEB est une matière régionale et pourrait facilement être implémentée sans se soucier de l'avis des autres régions.
Prétexte souvent ânonné par l'administration pour justifier un certain immobilisme en la matière, notamment pour le logiciel PEB dont les frais sont partagés.
Pour les autres logiciels (certification et audit dans PACE), ce n'est pas le cas.
Mais de toute façon, si la méthode de calcul PEB sur la ventilation hygiénique et sur l'inétanchéité est caduque et conduit à des surestimations des consommations théoriques conventionnelles, cela concerne les 3 régions du pays, avec les graves conséquences qu'on a déjà évoquées de nombreuses fois sur ce forum.
Je lasse cela à vos réflexions et à vos remarques éventuelles.
En tout cas, "qui ne dit mot consent" et personnellement, je ne consens pas !
From: Ir. Architecte Meessen Sent: Wednesday, August 3, 2022 12:47 PM To: Benoit Fourez (DGO4) ; Carole Van Goethem (DGO4) Cc: Carol Pisula (cabinet du ministre Henry) ; Olivier Biérin (Député wallon) ; Spies Nicolas (C.C.W.) ; Aniset Julien (C.C.W.) ; contact@peeb.be ; Roger Vanparys (Test-Achats) ; Olivier Lesage (Test-Achats) ; Philippe Mercier (Test-Achats) Subject: 20220803 Remarque n° 88 Inétanchéité en PEB : un indicateur inéquitable
Benoît, Carole, bonjour. Voici la remarque n° 88 qui envisage des problèmes d’inéquité entre logements, générée par la méthode de calcul PEB de l’inétanchéité des bâtiments. Les concepteurs de la méthode PEB et leurs validateurs, ne se sont apparemment pas rendu compte que l’indicateur utilisé n’était pas le plus équitable pour la comparaison entre les bâtiments, but annoncé de la certification PEB qui en résulte. En effet, c’est procéder à l’envers. Au lieu d’avoir un paramètre qui se focalise vraiment sur le renouvèlement de l’air intérieur, la méthode PEB l’en a rendu indépendant en introduisant dans son calcul, la surface enveloppe de son volume protégé. Ce qui donne comme résultat que plus cette surface augmente (à volume constant), plus son influence est importante sur le renouvèlement en air par inétanchéité exprimé en m³/h.m². Et donc sur le résultat des BNE, et finalement sur les consommations en énergie primaire (toutes autres choses restant égales). C’est purement formel et ça ne dépend même pas de la qualité variable des surfaces respectives, en ce sens qu’il y aurait de grosses différences d’étanchéité entre un plancher en béton sur sol (par exemple) et une façade avec des baies vitrées ouvrantes. Cette anomalie peut être montrée facilement en comparant les différents cas possibles d’un appartement de même surface Ach, même volume protégé, et qui aurait des surfaces de déperdition variables, en fonction de son emplacement dans son building. Cet appartement-type a un Ach de 100 m² (14,29 m x 7,00 m). Son volume protégé est de 300 m³ (hauteur PEB : 3,00 m). Pour pouvoir calculer les consommations primaires de cet appartement, j’y ai mis des fenêtres sur 2 façades opposées (Uw = 3,10 W/m²K). Pour le 2e cas, on ajoute une façade latérale aveugle (U = 1,70 W/m²K), l’appartement étant sur le côté d’un building. Et pour le 3e cas, il se trouve sous la toiture et il y a une 4e face qui s’ajoute : un toit de U = 2,90 W/m²K. On y place une chaudière au gaz à condensation, rendement par défaut, avec une régulation en température glissante et des radiateurs. Il n’y a ni ventilation, ni fabrication d’ECS. Ceci permet de calculer les consommations théoriques en énergie primaire pour le chauffage. 1er cas : Avec une double face extérieure vitrée de 21 m² chacune (au centre d’un building), il aura une inétanchéité par défaut à 50 Pa, de 12 m³/h.m² x 42 m² = 504 m³/h. Si le volume intérieur est pris conventionnellement à 80 % du volume extérieur (comme dans la N.I.T. 155), il vaut 240 m³. Cet appartement a un n50 par défaut de 504 / 240 = 2,10 h-1. Le poste de l’inétanchéité est dans les BNE à la valeur absolue de 462,67 kWhc (sur 7.608,85 kWhc soit 6,08 % dans l’exemple). Le certificat est à C 181 (13.930,26 kWhp en chauffage). 2e cas : Si cet appartement a une 3e face extérieure (bord latéral d’un building), il aura une surface de déperdition de 42 + 14,29 x 3,00 = 84,87 m². Et une inétanchéité par défaut de : 84,87 x 12 = 1.018,44 m³/h. Peu importe la qualité d’exécution des parois. Ce débit ne dépend que des surfaces de transmission. Avec le même volume intérieur conventionnel (240 m³), cet appartement a un n50 par défaut de 1.018,44 / 240 = 4,24 h-1. Soit une surventilation par inétanchéité conventionnelle de 102 % par rapport au 1er cas (plus du double du 1er cas, donc !). L’équité de traitement PEB entre ces 2 appartements n’apparait pas au premier coup d’œil ! Le poste de l’inétanchéité est dans les BNE à la valeur absolue de 934,93 kWhc (sur 12.427,65 kWhc soit 7,52 % dans l’exemple). D 269 (22.752,51 kWhp en chauffage). Si on avait conservé le taux de ventilation du 1er cas (2,10 h-1 soit 5,94 m³/h.m²), l’appartement aurait eu des BNE de 11.999,05 kWh et un résultat de 21.967,83 avec D 261. En appliquant le taux de ventilation d’inétanchéité par défaut de 12 m³/h.m², on a aggravé artificiellement la consommation énergétique calculée de 3,57 %, alors qu’elle n’a pas changé en fait. 3e cas : Si cet appartement a une 4e face extérieure (angle supérieur de building ou angle inférieur au-dessus d’un parking non chauffé, indépendamment d’un éventuel facteur de hauteur), il aura une surface de déperdition de 42 + 14,29 x 3,00 + 100,00 = 184,87 m². Et une inétanchéité par défaut de : 184,87 x 12 = 2.218,44 m³/h. Avec le même volume intérieur conventionnel (240 m³), cet appartement a un n50 par défaut de 2.218,44 / 240 = 9,24 h-1. Soit une surventilation par inétanchéité conventionnelle de 392 % par rapport au 1er cas et de 118 % par rapport au 2e cas. Le poste de l’inétanchéité est dans les BNE à la valeur absolue de 2.036,53 kWhc (sur 31.968,16 kWhc, soit 6,37 % dans l’exemple). L’inéquité de traitement PEB de ce 3e appartement est largement aggravée par rapport aux 2 premiers cas. On a G 627 (58.527,23 kWhp en chauffage) si on considère un toit de U = 2,90 W/m²K. Si on avait conservé le taux de ventilation du 1er cas (2,10 h-1 soit 2,73 m³/h.m²), l’appartement aurait eu des BNE de 30.456,47 kWhc et un résultat de 55.759,63 kWhp avec G 599. En appliquant le taux de ventilation d’inétanchéité par défaut de 12 m³/h.m², on a aggravé artificiellement la consommation énergétique calculée de 4,96 %, alors qu’ elle n’a pas changé en fait. Il est à noter que l’aggravation du poste de l’inétanchéité dans les BNE influence le résultat du taux d’utilisation des gains internes et solaires, en augmentant artificiellement les déperditions, selon la formule PEB du calcul du taux d’utilisation qui y fait intervenir les déperditions. Le 1er cas était à 0,49 en moyenne. On passe de 0,53 à 0,54 dans le 2e cas, et on est sous l’arrondi à 0,62 dans le 3e cas mais les résultats de certains mois varient d’un point (avec l’arrondi). Ceci édulcore un peu le résultat de l’aggravation. Du point de vue de la certification PEB, l’inétanchéité par défaut est la cause d’un apport de BNE (et de consommation primaire spécifique, si les systèmes sont identiques) qui varie dans ces mêmes proportions pour les appartements respectifs. Ce n’est déjà pas normal. Les appartements du 2e et du 3e cas sont clairement pénalisés par ce seul paramètre, indépendamment des autres éléments du calcul. Alors que le poste de consommation énergétique dû à la ventilation hygiénique calculée par la méthode PEB, restera identique pour les 3 appartements, même s’il n‘y a pas de ventilation hygiénique organisée ! Ceci se retrouve dans les exigences PEB de ces logements. En effet, si les appartements doivent respecter les mêmes exigences globales, ceux du 2e et du 3e cas devront compenser la surestimation de leur ventilation par l’inétanchéité conventionnelle par défaut, par des dépenses supplémentaires sur les autres postes du calcul global. Et même si ce n’est pas par défaut. Où est l’équité ? Si on examine ce qui se passe dans le cas d’un audit-logement, on retrouve les mêmes tendances, quand on utilise la valeur par défaut de l’inétanchéité à l’air. Mais de toute façon, quand on encode simplement une valeur estimée “moyenne” (8,00 m/h.m²) ou “bonne” (3,00 m²/h.m²), cela n’a aucune influence sur le résultat de la certification PEB qui calcule toujours en utilisant la valeur par défaut de 12,00 m³/h.m² dans ces 2 cas. Or on demande l’auditeur d’atteindre le label A de la certification PEB au bout de toutes ses propositions d’améliorations. Ce qui l’induit donc à pousser les feux pour d’autres postes du calcul, parfois en dehors des limites de rentabilité raisonnables. Et ce qui conduit parfois à des réactions de refus de la part des demandeurs. Le seul moyen de faire bouger les choses est de passer aux “valeurs-cibles” qui introduisent la nécessité de faire exécuter un test de Blower Door, qui n’est pas gratuit. Cependant, si les valeurs-cibles étaient les mêmes pour les 3 cas d’appartements cités ci-dessus, on retrouverait évidemment les mêmes tendances signalées, puisque le paramètre utilisé dépend uniquement de la surface de déperdition. Du coup, le traitement de l’amélioration d’appartements identiques dans un même building, mais placés dans des configurations différentes par rapport à son enveloppe, entrainera, pour atteindre le label A, des dépenses plus importantes dans les cas 2 et 3, toutes autres choses étant égales. Et des primes à l’avenant... Est-ce équitable ? De plus, imaginons qu’on aille jusqu’au bout des opérations d’améliorations proposées dans l’audit, il faudrait passer par un test de Blower Door, pour savoir quelle est exactement la valeur de ce paramètre d’inétanchéité, en vue de certifier ces appartements. Avec un test global sur l’immeuble, si on veut garder l’équité de certification entre les logements, il ne faut pas utiliser la valeur en m³/h.m², mais bien le n50, puis l’adapter aux surfaces de déperditions de chaque logement. Au vu de tout cela, il faudrait remplacer le petit v̇50 par le n50 dans tous les calculs PEB ou dérivés (bâtiments neufs en PEB, certification PEB et audits-logements). La valeur du n50 par défaut devrait s’inspirer des valeurs de la NBN 12831 et de son annexe nationale, pour garder une cohérence entre les divers calculs thermiques effectués. À ceux qui auraient des réticences à bousculer rudement le dogme PEB établi pour les 3 régions en 2010, je ferai remarquer que la méthode de la certification comme celle de l’audit-logement sont des législations régionales. Il n’est donc pas nécessaire de demander l’avis des 2 autres régions pour modifier ces 2 méthodes et les rendre cohérentes et équitables. Qu’attend-on ? Il faudrait évidemment aussi l’introduire pour certifier les logements neufs, calculés en surestimation par la méthode PEB, pour rester logiques avec le reste du parc des logements (qui est largement majoritaire). J’ai déjà montré ce qu’il faudrait faire pour amener la certification des logements neufs au niveau de celle pour les logements existants. Ce qui n’est pas du tout le cas actuellement. Et aussi, faire ce qu’il faut pour limiter les surestimations flagrantes de la certification en Wallonie, toujours grâce à notre autonomie régionale. Si on ne le fait pas rapidement, déjà que ça flanque des dépressions profondes aux propriétaires de logements existants depuis plus de 12 ans maintenant, une politique énergétique basée sur ces certificats à la consommation surestimée, va conduire à de gros problèmes dans un futur proche. Je vous l’ai déjà dit plusieurs fois mais ça ne semble pas évoluer dans le bon sens. On voit déjà ce que ça donne sur la base des audits-logements qui, à cause de cette surestimation énergétique globale, augmentent artificiellement les primes-habitations et obligent les auditeurs à forcer sur certains postes du calcul pour pouvoir obtenir le label A, cher au ministre. Pour le “décarboné”, on verra plus tard (quand ?)... mais c’est du même tonneau. Avec le taux de ventilation par inétanchéité tel qu’il est pris par défaut, on a largement assez pour la ventilation d’un logement, d’une manière globale. Je sais qu’il existe en réalité des endroits de certains bâtiments qui sont mal ventilés, alors que c’est largement suffisant au point de vue global. Mais enfin, ici, on parle globalement. Ce qui fait que si on ajoute une ventilation calculée conventionnellement en fonction du volume (alors qu’elle devrait l’être par rapport aux surfaces des pièces selon leurs fonctions respectives, avec des minimums et des maximums), on aboutit finalement à des logements qui seraient parcourus par des violents courants d’air insoutenables, qui pèsent très lourd dans la balance des consommations théoriques calculées par cette méthode PEB. J’avais déjà abordé ce problème dans la remarque n° 80.11 des préliminaires du 13.03.2014 pour mon rapport d’expertise PEB que vous m‘aviez demandé en 2013 (je vous le remets en annexe pour une relecture que j’espère attentive). C’était aussi lié au décalage systématique entre la ventilation hygiénique selon la NBN D 50-001 de 25 logements audités avant 2010 et la formule PEB, qui apparait dans un graphique parlant (en annexe), et qui vous a été envoyé le 06.03.2010. Ces éléments importants sont restés sans suite et c’est problématique parce que c’est souvent une attitude chronique, de votre côté, pour ne pas prendre les problèmes à bras le corps. En attendant votre suivi, acceptez mes salutations, Alain MEESSEN, Licencié en Physique du Bâtiment, vice-président de l’asbl PEEB. P.S. 1 : L’étanchéité est présentée à cette adresse en Wallonie. Mais dans les conséquences d’une mauvaise étanchéité, il y a des corrections qui s’imposeraient parce que ce n’est pas exact du point de vue scientifique. Et notamment un graphique de l’évolution
des pressions de vapeur dans une paroi, tiré de Energie+, qui est erroné. Il se retrouve malheureusement aussi dans les slides de la formation des auditeurs-logements et je vous l’ai signalé dans mes remarques n° 20 et n° 38 sur le fichier 4.2. P.S. 2 : cette remarque est envoyée aux responsables de la “cellule énergie” de la C.C.W., et aux journalistes scientifiques de Test-Achats car l’inéquité de traitement engendrée par la méthode PEB a un impact sur le budget des consommateurs, bâtisseurs ou acheteurs, qui vaut la peine d’être examiné, par les temps qui courent.