En vue du prochain webinaire "Audit-logement" du 06.09.2022, il m'a semblé utile de faire le point sur le système de calcul des coefficients des châssis et de leurs accessoires.
Actuellement, il semble que les auditeurs, avec leur logiciel PACE tel qu'il est, peuvent déposer des audits avec leurs propres coefficients Uw, calculés au moyen des paramètres des châssis à encoder.
Mais au stade du rapport de suivi, c'est le menuisier qui a la main avec ses coefficients Uw dont on ne sait pas vraiment de quel chapeau ils sortent.
Avec ces coefficients, ils peuvent calculer un coefficient moyen pondéré pour l'ensemble de leurs châssis, sans se soucier vraiment s'ils interviennent dans le calcul de la prime, la pondération étant basée sur le gabarit intérieur de ces châssis.
Or les calculs de la prime utilisent des surfaces selon le code PEB, avec les dimensions des "jours vus".
Et les surfaces sont globalisées par type de châssis, que l'auditeur-certificateur découvre lors de son inspection du bâtiment.
L'auditeur comptabilise uniquement les châssis qui peuvent intervenir dans le calcul de la prime et pas les autres, s'il y en a.
Il y a quand-même quelques grosses différences et ça fait problème...
On ne parle pas non plus des panneaux, des caisses à volet, des grilles de ventilation.
Ni des nœuds constructifs sur la périphérie des baies.
Tout cela sent le flou qui n'a rien d'artistique !
Et du bâtiment durable, il n'en est pas vraiment question.
Surtout depuis que l'exigence sur le vitrage a été revue à la baisse, pour arriver plus lentement à l'objectif de 2050, probable.
Sans se soucier de la qualité des intercalaires.
On a aussi oublié la possibilité d'introduire des occultations en situation transformée pour lutter contre les surchauffes, notamment provoquées par l'isolation poussée de l'enveloppe et parfois par la modification de l'inertie thermique du bâtiment.
Bref, il s'agirait de plancher sérieusement sur une amélioration substantielle de ce module.
Les références des annexes sont données par des liens dans le texte ou par des PDF annexés à la fin.
Vos avis, vos questions, vos remarques sont les bienvenues.
From : Ir. Architecte Meessen
Sent: Tuesday, August 30, 2022 12:53 PM
To: Benoit Fourez (DGO4) ; Carole Van Goethem (DGO4)
Cc: Carol Pisula (cabinet du ministre Henry) ; contact@peeb.be ; Spies Nicolas (C.C.W.) ; Aniset Julien (C.C.W.) ; Ir. Architecte Meessen ; Christophe Leroy (Le Vif) ; Roger Vanparys (Test-Achats)
Subject: 20220830 Remarque n° 90 : Diverses considérations complémentaires sur les châssis de portes et fenêtres.
Bonjour à vous.
Vous avez ci-dessous la remarque n° 90.
Il s’agit de diverses considérations complémentaires sur les châssis de portes et fenêtres.
Concernant les châssis de portes et fenêtres dans la certification et les audits, vous aviez déjà reçu :
La remarque n° 29 du 08.06.2020 : PACE et PEB Châssis de fenêtres avec grilles de ventilation.
La remarque n° 38 du 24.07.2020 : Urc de lanterneaux et protections solaires pour fenêtres en rénovation.
La remarque n° 40 du 10.08.2020 : PACE et PEB Le calcul Uw des portes et fenêtres et les devis et/ou les factures des entrepreneurs.
La remarque n° 49 du 16.10.2020 : (PACE) Calcul des coefficients des châssis en fonction des environnements et valeurs Uw ou Ug introduites directement.
La remarque n° 51 du 23.11.2020 : PACE (audit) Petit retour sur les châssis avec des panneaux opaques.
La remarque n° 52 du 09.12.2020 : PACE (audit) Les volets roulants et leurs caissons intérieurs.
La remarque n° 71 du 02.08.2021 : 1 Introduire Ug dans PACE en présence de Uw ; 2 Modifications des critères sur les vitrages.
Toutes ces remarques sont mises en attachement pour faciliter la tâche de recherche d’archives qui se sont peut-être perdues, à cette heure, vu le temps passé.
De toutes ces remarques, il n’y a pas eu grand-chose qui a évolué, à notre connaissance.
Il y a eu plusieurs versions successives de PACE depuis le 27.06.2022 (n° 16012) jusqu’au 22.08.2022 (n° 16242) mais puisque vous ne communiquez pas sur les modifications implémentées, c’est difficile de s’y retrouver.
Des corrections de bugs corrigés, peut-être ?
On se contenterait déjà des importantes, pas des virgules qui manquent à gauche et à droite...
On peut maintenant introduire directement Ug lorsqu’on introduit la valeur Uw.
C’est déjà ça.
Mais il n’y a toujours pas de possibilité d’introduire la valeur des panneaux opaques Up lorsqu’on encode un Uw.
C’est comme si le panneau d’une porte ou d’une fenêtre n’avait aucune importance pour l’amélioration d’un châssis.
Et en tout cas, comme il est dit dans la remarque n° 51 du 23.11.2020, on ne peut pas rappeler à l’entrepreneur, par la lecture de l’audit, de respecter l’exigence maximale de 1,1 W/m²K pour un panneau, puisque ça n’apparait pas dans l’audit si une valeur Uw est encodée.
Ce poste n’est même pas non plus repris dans la nomenclature de l’annexe technique n° 4.
La modification de l’arrêté pour baisser l’exigence de l’octroi des primes sur des vitrages à 1,1 W/m²K a d’ailleurs été un très mauvais coup pour une rénovation de qualité durable (projetée en principe pour 2050 !).
Je reviens notamment sur cette décision malencontreuse dans la remarque n° 71 du 02.08.2021.
En Wallonie, il semble que pour aller de l’avant, on enclenche la marche arrière.
Le ministre et ses conseillers avisés n’ont même pas saisi l’occasion d’introduire dans l’arrêté, l’interdiction d’utiliser des intercalaires métalliques pour les vitrages de haute qualité, qui plombent le résultat global d’un châssis.
Du coup, les gens qui aiment bien les « petits bois » (réels ou insérés entre les feuilles des vitrages) ont quand-même des primes pour un résultat lamentable mais “officiellement” durable.
Il est évidemment aberrant de fabriquer des doubles vitrages de haute qualité selon la norme 673 (au centre du vitrage) en les entourant d’un anneau métallique !
Mais ça se fait encore, hélas...
De plus, à l’occasion (de modifier cet arrêté), on aurait pu aussi ajouter un zéro à la 2e décimale des valeurs de Uw et de Ug, pour éviter des dérives jusqu’à 4 points.
Mais non, ça n’a pas été fait.
Encore une autre occasion de ratée.
Cependant, si on modifie aussi facilement un arrêté pour les besoins de la cause (des menuisiers qui se sont gourés), cela pourrait être fait sans tarder.
Dans le but de tenter de simplifier le traitement des primes sur les châssis, on a donc inventé le système de la moyenne pondérée des valeurs Uw sur l’ensemble des châssis remplacés.
Ce qui permet aux menuisiers de faire passer au bleu des châssis moins bons qui tirent cette moyenne vers le fond.
Mais ce n’est rien, le demandeur aura quand-même la prime (avec un Uw moyen maximum de 1,54 W/m²K).
Pas très beau, comme résultat durable !
Dans le rapport d’audit, c’est l’auditeur-certificateur qui détermine le type de châssis qu’il faut remplacer dans le bâtiment, puisqu’on part de la situation existante (voire modifiée) à améliorer et qu’il faut faire un certificat sur cette base pour les audits de type 1.
J’ai déjà longuement dit ce que j’en pensais (pas que du bien) mais en Wallonie, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, et plus couteux ?
D’autant que, question précision des certificats PEB, on n’a pas encore fini d’en rire.
À ce niveau élémentaire des calculs, le logiciel pourrait très bien faire tout seul une estimation du certificat de la situation existante, comme il le fait pour la situation améliorée.
C’est donc le logiciel qui calcule la valeur de chaque type de châssis existant, à défaut d’avoir une preuve acceptable (ce qui est rare).
L’entrepreneur ne s’en soucie absolument pas.
Les valeurs Uw présentées dans les devis/factures donnent rarement une indication sur l’origine de leur calcul.
C’est parfois la NBN 62-002, et d’autres fois la norme ISO 10077, et encore.
On ne sait, puisqu’ils n’ont pas l’obligation de l’indiquer, ils ne l’indiquent donc pas…
Cette obligation devrait faire partie de l’arrêté.
Elle aurait déjà pu l’être !
Comment peut-on se fier aussi naïvement à du vague brouillard dans ce domaine important ?
Il doit y avoir un minimum d’indications normatives dans les preuves acceptables fournies par les entrepreneurs.
On constate qu’ils ne le font pas d’initiative, c’est pourquoi il faut les y obliger.
C’est notre seule certitude que des primes sont données à bon escient.
Pour la clarté et la simplification du système, ce serait utile que l’outil logiciel serve de base au calcul des coefficients, quitte à le sophistiquer quelque peu pour les audits.
Dans l’état actuel des choses, si l’auditeur n’a pas connaissance d’un devis accepté, avant de déposer l’audit sur le serveur, il est donc impossible d’éviter qu’il se charge du rapport de suivi, ce qui engendre des frais pour le demandeur.
Mais évidemment, cela libère l’administration de quelques dossiers.
Ceci expliquerait-il cela ?
Mais dans ce cas, ce serait une piètre raison par rapport au but recherché par le ministre pour la Wallonie.
De nombreux entrepreneurs donnent des valeurs de Ug, presque jamais de Uf, jamais de Up (puisque l’annexe n° 4 ne le demande pas) et parlent exceptionnellement des intercalaires, sans nécessairement donner leurs valeurs Psi.
La plupart du temps, le coefficient Uw est fourni sans référence à une norme de calcul.
De plus, pour calculer la moyenne des coefficients, ils utilisent les dimensions intérieures du châssis.
Par contre, l’auditeur calcule les primes sur base des dimensions du code PEB, c’est-à-dire celles du «jour vu» et il y a une différence.
Dans le tableau ci-dessous, les différences entre la surface de la baie de «jour vu» et la surface des châssis correspondants sont calculées, par rapport à la surface de «jour vu».
Pour des châssis entre 0,50 m² et 4 m² de surfaces, et avec des rapports largeur/hauteur L/H allant de 0,25 jusqu’à 4, les différences s’échelonnent entre 7 % et 30 % pour des battées de 5 cm.
Quand on fait un rapport de suivi, on prend la valeur moyenne fournie par l’entrepreneur (sans justification mais sur base des surfaces intérieures) et on l’applique aux surfaces des baies existantes ou transformées, plus petites entre 7% et 30 %, selon les tailles des baies et leur rapport L/H. Le résultat est-il correct ? Et les primes aussi ? Pas d’importance, apparemment… C’est l’insouciance wallonne. Et les nœuds constructifs périphériques des baies ? On s’en tape ! Aucune exigence PEB n’est imposée aux entreprises et cela ne se trouve même pas à la page 61 de la brochure explicative qui est remise au demandeur, censée l’aider à dialoguer avec les entrepreneurs… La plupart des changements de châssis ne tiennent pas compte du fait qu’on va isoler les murs, soit par l’extérieur, soit par l’intérieur. Quand il y a de l’isolant dans les ébrasements, extérieurs ou intérieurs, il est souvent très mince et ne se raccorde pas comme c’est préconisé en PEB pour limiter les effets négatifs des nœuds constructifs périphériques à la fenêtre. Et parfois, il n’y a même pas du tout des retours isolants sur les ébrasements, ce qui rend l’amélioration particulièrement peu... durable. Du coup, tant pour les déperditions des châssis eux-mêmes que pour les raccords périphériques, et pour les surfaces, le logiciel PACE ne permet pas de calculer toutes les pertes causées par les baies dans les parois. Les différences des surfaces peuvent créer des problèmes lors de l’examen des dossiers. Reprenons par exemple le cas des volets caissonnés au-dessus des châssis, évoqués dans la remarque n° 52 du 09.12.2020. Car même s’il y a une localisation des châssis dans le document de l’entrepreneur, on ne peut pas savoir à quoi ils correspondent dans l’audit qui globalise ces surfaces par types de châssis. Or on a le moyen de le savoir par la description de l’enveloppe qui se trouve dans l’encodage, à condition qu’elle soit un peu développée. Lorsqu’on fait la nomenclature des châssis façade par façade dans l’audit, on peut les nommer clairement (châssis avant du living, châssis de la petite chambre arrière au 1er, etc…) et on a chaque fois le type de châssis existant correspondant. Bien souvent, les devis/factures des menuisiers se basent sur une liste numérotée des châssis avec leurs dimensions (intérieures) sans localisation précise. Une première piste de clarification serait de fournir dans l’audit la liste des positionnements des châssis en fonction de leurs types. Les menuisiers pourraient s’y référer facilement. Et tout serait plus clair pour tout le monde. Avec l’avantage de pouvoir travailler sur les occultations solaires en situation améliorée, ce qui n’est pas possible actuellement. Enfin, il serait utile de pouvoir introduire dans la liste du logiciel, une coupole à 4 parois (type Skylux 4P) parce que les coupoles à 3 parois ne respectent pas les exigences actuelles. En outre, les 4P vont certainement apparaitre de plus en plus en certification après des opérations d’audits. Et encore un petit dernier pour la route : il s’agit de l’évocation des protections solaires des baies dans le logiciel actuel, complètement évanescent sur ce sujet important, sauf à passer par du refroidissement actif, même fictif, dans la situation existante. Il avait été abordé en 2e partie de la remarque n° 38 du 24.07.2020. Voilà plus de 2 ans déjà sans avancée pour un élément capital dans la consommation énergétique des bâtiments : la surchauffe, qui peut être largement aggravée par l’isolation thermique poussée, promotionnée par les opérations d’audits actuelles. On peut aussi remonter à mon envoi du 09.09.2019 qui abordait déjà ce problème (en annexe). Il semblerait qu’en Wallonie, l’urgence climatique soit un concept relatif qui ne fait pas chauffer les neurones dans le domaine qui nous concerne. Je reste à votre disposition pour toute discussion exhaustive qu’il serait utile d’avoir rapidement (depuis les fois que je le répète). Merci pour votre attention constructive, Alain MEESSEN, Vice-président de l‘asbl PEEB.