Le 13.10.2023, Info-Certif (kissè ? No sé !) envoyait un mail aux certificateurs/trices pour recueillir leurs éventuelles suggestions concernant les preuves acceptables (chapitre 3 du protocole), susceptible d'améliorer le processus de certification (notamment sa fiabilité, sa représentativité ou sa traçabilité).
Le 27.10.2023, Info-Certif rappelait sa demande pour que les remarques arrivent pour le 12.011.2023 au plus tard.
Je me suis dit que c'était l'occasion, 13 ans après le démarrage de cette opération importante, de faire le point sur une série de problèmes qui avaient déjà été soulevés par l'envoi de nombreuses remrques et par un tas d'échanges par mails.
Mais sans beaucoup de réaction, comme si tout allait bien dans la meilleure des Wallonies...
Les liens, quand ils sont possibles, sont placés directement dans le texte du mail.
Les annexes sont mises à la suite car il n'est pas possible de les intégrer telles quelles par le programme qui régit ce forum.
From: Ir. Architecte Meessen
Sent: Sunday, November 12, 2023 11:12 PM
To: info-certif ; Benoit Fourez (DGO4) ; Carole Van Goethem (DGO4) ; Jean-Yves Saliez (cabinet du minstre Henry) ; Simon Habran (Cabinet du ministre Henry)
Cc: Véronica Cremasco (Députée Écolo) ; Olivier Biérin (Député wallon) ; Spies Nicolas (C.C.W.) ; Gaëtan Doquîre ; Olivier Hamal (SNPC) ; Philippe Mercier (Test-Achats) ; Olivier Lesage (Test-Achats) ; Roger Vanparys (Test-Achats) ; Emmanuel Morimont (RTBF) ; Marie Vancutsem (RTBF) ; Christophe Leroy (Le Vif) ; Ir. Architecte Meessen ; contact@peeb.be ; Vinciane Laroche
Subject: 20231112 Remarque n° 99 : les preuves acceptables et la crédibilité/fiabilité des certificats PEB
Bonjour à Info-Certif, quasiment anonyme,
Bonjour à vous qui recevez ce mail, en direct ou en copie.
Ceci est la remarque n° 99, qui énumère quelques problèmes de preuves acceptables et qui reprend des considérations sur la crédibilité et la fiabilité des certificats PEB, déjà évoquées.
Je joins quelques liens et annexes de certains documents envoyés au SPW qui doit certainement les avoir soigneusement archivés, faute d’y avoir fait suite, le plus souvent.
Toute référence qui ne serait pas documentée dans ce mail, peut être demandée pour consultation.
Cette remarque fait suite à la demande d’Info-Certif du 13.10.2023 et à son rappel du 27.10.2023, pour que les certificateurs donnent leurs suggestions d’amélioration sur le sujet des preuves acceptables, “en prévision des prochaines révisions du protocole de collecte des données”.
Je suis particulièrement heureux d’apprendre qu’il y aurait une prochaine révision du protocole, qui date du 17.09.2019.
Le précédent datait du 07.11.2014.
Un protocole révisé environ tous les 5 ans, ce n’est pas trop peu.
Mais en complément des remarques sur le protocole, ce serait aussi important, si pas plus, d’améliorer le processus fondamental de calcul des certificats PEB qui n’a pas bougé depuis plus de 13 ans, alors que je n’ai pas arrêté de vous signaler qu’il n’était ni crédible, ni fiable.
Car si le protocole est amélioré mais que rien n’est changé à la méthode de calcul, on restera à mariner de la même façon.
1. Les preuves acceptables issues des entrepreneurs.
En ce qui concerne des preuves qui pourraient être acceptables et qui viennent du passé, on a pu constater que la façon dont les entrepreneurs les avaient rédigées était fort sujette à caution.
Mais on ne peut rien y changer.
Actuellement, il y a encore des problèmes pour les documents qui pourraient servir de preuves acceptables car il semblerait que l’information des entrepreneurs n’est pas suffisante pour obtenir des documents valides, en général.
C’est un problème qui a déjà été exposé à Embuild (ex-C.C.W.).
C’est pourquoi copie de ce mail lui est envoyé (Nicolas SPIES).
Mais il m’avait déjà répondu que tous les entrepreneurs n’y étaient pas affiliés.
Bien vrai, mais alors qui devrait se charger de donner l’information correcte aux entrepreneurs non affiliés à Embuild, pour qu’ils rédigent enfin des documents valides à tous les coups ?
Si ce n’est le SPW ?
Quant aux dossiers dont un architecte a eu la charge, j’ai souvent remarqué qu’il y avait de beaux mélanges de travaux en vrac dans les factures des entrepreneurs, dont certains seulement auraient pu être constitutifs d’une preuve acceptable, mais qu’il n’y avait pas toujours tous les renseignements requis pour que ça soit le cas.
En mai 2022, j’avais alerté Gaëtan DOQUÎRE pour lui proposer une courte formation des architectes UWA qui s’occuperaient de dossiers de travaux éligibles aux primes-habitations.
Mais ça n’a malheureusement pas encore pu se faire, car ce n’est probablement pas considéré comme prioritaire, que les clients des architectes puissent introduire des demandes de primes sans avoir de problèmes avec leurs dossiers.
Ou encore qu’ils puissent avoir les certificats PEB les meilleurs possibles, avec des preuves acceptables en béton.
C’est pourquoi copie de ce mail est envoyée à l’UWA aussi.
2. Le problème de la réutilisation des données d’un certificat PEB précédent.
L’article 3.6.1.8 du protocole V7 du 16.09.2019 donne les conditions de la réutilisation des données d’un certificat PEB précédent.
Sachant ce qu’on sait de l’article de Test-Achats de mars 2012 (en annexe), et de toutes les observations que j’ai pu faire sur les nombreux certificats PEB que j’ai examiné pendant des années, je serais beaucoup plus sceptique quant à la possibilité de réutilisation de certaines données douteuses.
Il faudrait introduire, dans le protocole, à propos de la possibilité de réutiliser ces données, la condition que le «nouveau» certificateur PEB a pu se rendre compte qu’elles étaient plausibles, mis à part tout changement intervenu entre-temps.
Car sinon, il n’est pas clair de sur qui porterait la responsabilité en cas de problème dû au nouveau certificat PEB.
En effet, en matière de calculs des surfaces et volumes, les vérifications sont ardues, voire parfois carrément impossibles.
Pour certains bâtiments dont je me chargeais de l’audit, je ne les ai pas toujours reconnus dans la “description” du certificat PEB, mise à part peut-être la photo de la première page !
Lors d’une de mes remarques passées, j’ai suggéré que les calculs soient étayés par des formules type XL, comme j’avais demandé (et obtenu) pour le logiciel PEB.
Ces introductions faciliteraient les vérifications.
L’exposé des nomenclatures des parois et de l’arbre énergétique est souvent indigent, de sorte qu’il est difficile de savoir à quoi ça correspond dans le bâtiment.
Les méthodes en surfaces nette ou brute, où en plus des listings numérotés de parois ou de châssis sont seulement disponibles, ne sont pas utilisables par manque de clarté et de fiabilité.
La méthode par projections où on voit apparaitre seulement des éléments numérotés sans descriptif clair, n’est pas non plus utilisable.
Cela pose d’ailleurs un problème des formations qui ont validé ces certificateurs PEB, alors qu’apparemment certains formateurs ne semblent pas avoir insisté suffisamment sur l’importance d’une bonne description de tous les éléments par rapport à l’existant.
Et une “étude” par Sketchup n’est d’aucune utilité sur ce point, sans même avoir à se demander si l’image Sketchup correspond raisonnablement à la réalité.
Si des examens oraux réussis étaient présentés ainsi, il y a un gros problème.
Car cette formation à la bonne description des choses, serait aussi utile pour les futurs auditeurs.
3. L’apparition éventuelles des preuves acceptables dans les certificats PEB.
Indépendamment de la méthode de calcul que j’aborde ci-dessous, la présence ou l’absence de preuves acceptables peut influencer les résultats d’une manière importante et cela rend plus délicate la comparaison entre bâtiments .
Il ne s’agit pas de prétendre que des preuves acceptables rendent un logement meilleur, mais le certificat PEB est seulement plus fiable, puisqu’il correspond mieux à la réalité.
Dans le cas de la méthode PEB des bâtiments neufs ou assimilés, lors d’une discussion avec Ronald GILOT à propos des calculs PEB qui permettent plusieurs niveaux de précision, donc des résultats différents qui dépendent uniquement de la quantité de travail du responsable PEB, j’avais suggéré d’introduire le passage par une valeur-jauge avec les valeurs et méthodes par défaut, ce qui permettrait la comparaison brute de tous les bâtiments entre eux, avant d’introduire la valeur calculée.
La différence donnerait une idée de la qualité du travail du responsable PEB mais le bâtiment ne change pas.
Ce système n’a malheureusement pas été adopté pour la méthode PEB des bâtiments neufs ou assimilés, ce qui fait qu’on ne peut pas comparer les bâtiments entre eux, sans savoir avec quelle précision ils ont été calculés.
Les certificats PEB issus de cette méthode ne sont donc déjà pas comparables entre eux.
À ce sujet, il reste encore à examiner sérieusement les problèmes issus de la certification des logements neufs par rapport à celle des logements existants et des renouvèlements des certificats PEB issus de cette source.
Voyez la remarque n° 43 du 27.08.2020 : Transfert de données pour certificat entre PEB et PACE.
Dans le cas de la certification PEB des logements existants, si on avait une valeur-jauge à la base, les preuves acceptables constitueraient alors une trace de la fiabilité relative avec laquelle le certificat PEB est valorisé.
Et ça leur donnerait encore plus de valeur intrinsèque.
4. Le manque de crédibilité des résultats des certificats PEB.
Depuis le début en 2010, le manque de crédibilité des résultats des certificats PEB ne provient pas seulement du manque de fiabilité de la méthode qui surestime les consommations théoriques conventionnelles (voir plus bas).
Il faut bien comprendre la réaction des gens devant des résultats aussi peu crédibles, même si on essaie de leur expliquer difficilement qu’ils sont exprimés en “énergie primaire”.
Cela est fortement influencé aussi par la façon dont les certificateurs PEB fournissent un travail parfois approximatif en s’éloignant peu ou prou du protocole.
Mais elle provient également du fait que le protocole permettrait de donner des résultats qui ne sont pas univoques.
C’est en cela qu’une étude comme celle de Test-Achats en mars 2012, ou un exercice de formation que vous avez proposé en juin 2018, voire une émission comme Investigation de la RTBF en février 2023, peuvent être intéressants pour l’examen des résultats de plusieurs certificateurs PEB sur le même bâtiment.
Celui ou celle qui prétendrait que ces résultats sont univoques et permettraient des comparaisons utiles, n’a pas bien pigé le problème.
Pour le moment, il ne s’agit que de simples valorisations, même douteuses, entre des logements de Wallonie, et cela n’a qu’une importance restreinte (si on veut le prendre comme ça, mais ce n’est pas du tout l’avis des propriétaires ou des agents immobiliers, et c’est pourquoi la copie de ce mail est envoyée au SNPC).
Évidemment, quand une juge du Tribunal de 1e Instance me nomme expert judiciaire pour examiner un achat effectué sur la foi d’un certificat PEB C, alors qu’il s’agit d’un label D (et encore, en étant bonifié de 10 % dans une version ultérieure de PACE), ça déclenche des problèmes graves mais ça reste un cas parmi d’autres...
Par contre, ça va devenir généralisé et très critique, lorsque le législateur voudra utiliser ces certificats PEB comme étalons pour des obligations légales coercitives au cours des prochaines années.
Il y a déjà eu ce genre d’obligations avec l’indexation des loyers du 01.11.2022 au 31.10.2023.
Je vous avais fait remarquer que de nombreux certificats PEB “anciens” dont les fichiers étaient simplement introduits dans des versions plus récentes du logiciel de calcul, sans rien changer, donnaient des résultats différents, la plupart en bonification, pas toujours négligeables, et certains en changeant même de label.
Lors de la correction de l’exercice de juin 2018, il y avait eu un problème semblable de résultats multiples, l’un d’eux provoquant même un saut de label.
Il y avait en fait 4 résultats protocolaires pour cet exercice.
Voyez la remarque n° 44 du 31.08.2020 : Les tribulations de la certification en Wallonie.
Dans ce dernier mail, je suggérais que, devant l’imprécision des résultats, soit par le travail du certificateur, soit par les permissions multiples du protocole ou par les deux, l’on crée des zones intermédiaires entre les labels, pour absorber ces différences difficilement évitables, apparemment.
Déjà le 9 mars 2012 (en annexe), j’écrivais à Benoît FOUREZ pour proposer un scan approfondi des résultats de Test-Achats, afin d’examiner les diverses possibilités permises par le protocole sur les 2 habitations wallonnes choisies pour le test, et de voir si les résultats présentés tombaient dans cette fourchette ou s’en écartaient.
Si par hypothèse, ils étaient tous dans la fourchette permise par le protocole, il s’agissait de décider si elle était trop large ou non, et d’agir en conséquence.
D’où l’introduction logique de zones mixtes entre 2 labels, si on ne parvient pas à diminuer l’ampleur des variations des résultats.
J’ai repris cet avis à la page 7 de mon rapport d’expertise sur la PEB du 15.08.2014 (en annexe).
Ce rapport avait d’ailleurs été précédé des préliminaires du 13.03.2014, qui répondaient aux remarques du CSTC et de l’ICEDD, qui commentaient mes propres remarques déposées au cours des années 2013/2014 (en annexe).
Jusqu’à présent, je n’ai vu aucune réflexion de fond menée à propos de ce problème que vous semblez nier, contre toute évidence.
5. La révision de la méthode de calcul des certificats PEB.
Ce n’est certainement pas la première fois que je vous dis que cette méthode produit des résultats théoriques conventionnels surestimés.
Personnellement, je n’ai jamais parlé de pouvoir calculer les consommations réelles des logements.
Évidemment : c’est parfaitement impossible !
Par contre, établir un calcul théorique sur des bases conventionnelles est très possible, à condition que les conventions soient complètement transparentes, et thermodynamiquement robustes.
Ce n’est pas du tout le cas actuellement.
C’est une black-box dont vous refusez consciemment l’accès, ce qui pose un problème grave de démocratie, je vous l’ai déjà dit plusieurs fois et expliqué ce que ça signifie pour un pouvoir public qui traite ainsi ses administrés.
C’est pourquoi j’envoie copie de ce mail à quelques journalistes qui ont déjà travaillé sur ce sujet.
En espérant qu’ils informent le public sur le sujet et ses conséquences pécuniaires, tant pour les logements existants que pour les nouveaux à construire.
De plus, les versions successives du logiciel PACE ne sont pas documentées et on ne sait jamais ce qui a été modifié, contrairement au logiciel PEB qui est explicite dans ses changements.
Serait-ce problématique pour vous, de le signaler clairement pour qu’on puisse en discuter, le cas échéant ?
La transparence des conventions de calcul des certificats PEB permettrait aussi aux détenteurs de ces documents, de moduler les valeurs à titre indicatif, en fonction de leur situation particulière, pour peu qu’on leur donne des échelles d’équivalence.
Ce serait un travail utile pour la population wallonne.
J’évoque à peine ici, le fait que les certificats PEB issus de la méthode PEB pour les logements neufs, incluent les consommations virtuelles de surchauffe, ce qui n’est pas le cas pour les certificats PEB des logements existants.
Cela a été signalé depuis longtemps, notamment au point 2.1 de mon rapport d’expertise du 15.08.2014, que vous avez reçu par de multiples canaux, et certains, de longue date.
Mais rien n’a été modifié sur ce sujet.
En ce qui concerne le calcul des certificats PEB des logements existants, voici une série de postes du calcul qui devraient être soumis à révision sérieuse, et le plus vite possible.
Je n’ai pas le temps de tout développer à cette occasion, et notamment de revenir sur tout ce que j’ai envoyé au cours des 13 dernières années.
La matière est énorme et c’est probablement pour cela que rien n’a changé depuis le début, alors que les concepteurs s’accrochent à leur méthode d’origine, sans admettre qu’elle devrait être revue de fond en comble, pour arriver à des résultats plus plausibles, surtout s’ils servent d’étalons pour des mesures légales coercitives dans les prochaines années, comme cela apparait dans le projet de révision du Décret PEB.
1. La météo de base.
Cette météo devrait être adaptée, avec des valeurs moyennes plus proches de l’actualité.
Elles ont bougé depuis la période de référence 1950-1980.
Et il devrait y avoir une localisation variable, vu les différences de climat en Wallonie, sans référence unique à Uccle pour tous les logements.
C’est ce qu’on fait en audit, pourquoi pas en certification PEB ?
Les modifications d’adaptations seraient mineures, en utilisant le module météo de la partie “audit” de PACE.
Voyez notamment le mail du 18.05.2021 dans le post du 10.06.2021 : quelle est la météo dans PACE ?
Il y a aussi le mail du 02.03.2023 adressé à Ronald GILOT (en annexe).
L’analyse pointue de la météo utilisée pour les calculs PEB n’a pas eu de suite.
Pourtant, une amélioration de ce poste pourrait se faire rapidement et à moindre cout.
Cela donnerait plus de crédibilité aux résultats des certificats PEB, en indiquant clairement la période de référence.
Bien entendu, il faudrait le faire aussi pour les certificats qui proviendraient de la PEB pour les logements neufs ou assimilés, de manière à conserver la possibilité de comparaisons.
Et cela permettrait d’éviter des frais trop importants par rapport aux exigences.
2. La ventilation.
Ça fait très longtemps que j’ai envoyé le graphique ci-dessous qui compare les débits et taux de ventilation de 25 logements réels dans PAE1, calculés selon la NBN 50-001, avec les débits de ventilation théoriques, calculés selon la méthode PEB.
Le décalage est flagrant et n’a pas pu, jusqu’à présent, être expliqué par les interlocuteurs.
De plus, il n’est pas normal que la ventilation hygiénique normalisée soit régie uniquement par le volume protégé du logement, alors qu’il est question de surfaces dans la norme.
Et encore : avec des minimums et des maximums par local, selon le type.
Si vous vous reportez à l’équation 11 de l’annexe 1 de l’AGW PEB, on y voit apparaitre la surface Ach, ce qui est plus logique.
Comme je l’explique dans mon exposé du 14.01.2019, au slide 6, cela veut dire que la PEB s’occuperait de bâtiments dont la hauteur moyenne (plancher/toit compris) est de 2,99 m…
Voyez aussi la remarque n° 88 du 03.08.2022 : Inétanchéité en PEB, un indicateur inéquitable.
Elle revient notamment sur le problème du poste de calcul de la ventilation hygiénique dans la méthode PEB, dont le contenu devrait être modifié de façon radicale.
3. Les infiltrations :
C’est encore un poste d’exagération dans le calcul.
Non seulement, il intervient en plus de celui de la ventilation hygiénique sans aucune interférence entre les deux, alors que c’est évidemment le cas dans les logements.
En général, les vieux logements peu étanches n’ont pas beaucoup de problèmes de ventilation défaillante, même si la répartition n’est pas idéale.
Mais en plus, la variable utilisée pour le calcul (la surface totale de déperditions du VPER) n’est pas la plus pertinente.
Voyez la remarque n° 88 ci-dessus.
4. Le traitement des baies de portes et fenêtres, et de leurs éventuels systèmes d’occultation.
Une série de remarques ont été envoyées à ce sujet.
Je peux citer :
La remarque n° 29 du 08.06.2020 : PACE et PEB Châssis de fenêtres avec grilles de ventilation (en annexe).
La remarque n° 38 du 24.07.2020 : Urc de lanterneaux et protections solaires pour fenêtres en rénovation.
La remarque n° 40 du 10.08.2020 : PACE et PEB Le calcul Uw des portes et fenêtres et les devis et/ou les factures des entrepreneurs (en annexe).
La remarque n° 49 du 16.10.2020 : (PACE) Calcul des coefficients des châssis en fonction des environnements et valeurs Uw ou Ug introduites directement.
La remarque n° 51 du 23.11.2020 : PACE (audit) Petit retour sur les châssis avec des panneaux opaques.
La remarque n° 52 du 09.12.2020 : PACE (audit) Les volets roulants et leurs caissons intérieurs.
La remarque n° 90 du 30.08.2022 : Diverses considérations complémentaires sur les châssis de portes et fenêtres.
En matière de preuves acceptables dans le domaine, il y aurait beaucoup de choses à revoir dans le protocole.
5. L’externalisation totale des pertes des systèmes :
Pour rappel, le 06.05.2014, j’avais déjà envoyé à l’administration, un schéma alternatif des transferts énergétiques dans les bâtiments.
Ce schéma se retrouve aussi dans le rapport d’expertise du 15.08.2014, à la page 17.
Il était destiné à remplacer celui qui est diffusé partout, mais qui simplifie ou occulte la plupart des problèmes signalés dans cette liste en cours.
Sur ce schéma ci-dessus, on voit bien les externalisations des pertes des systèmes, par rapport à ce qui reste dans le VPER, ce qui amène à les récupérer en partie, notamment par l’intermédiaire de l’inertie thermique du bâtiment.
Et dans certains cas, cela apporte de la surchauffe.
Évidemment, la méthode de calcul PEB actuelle (quasi-statique mensuelle) ne permet pas de bien tenir compte de ces particularités.
Cependant, ça ne devrait pas être rédhibitoire.
Mais prétendre de façon simpliste, que toutes les pertes sont externalisées, c’est aussi accepter de laisser les résultats dériver vers une surconsommation énergétique calculée.
Et ce n’est pas rien, quand on examine les détails de ces pertes à la page 4 des certificats PEB.
6. L’influence sélective de l’inertie thermique et l’influence des parois sans inertie sur les apports solaires.
Le traitement de l’inertie thermique dans la méthode PEB provient d’un travail de Dick VAN DIJK exposé en 2005 au congrès de l’IBPSA de Montréal, où j’étais présent.
Cela concerne uniquement les gains internes et les gains solaires (par les seules parois translucides) pour la méthode quasi-statique mensuelle.
Les hypothèses de la méthode font l’impasse sur le traitement des sources de chauffage (ou de climatisation) dans le contexte d’un inertie des parois déperditives du VPER, comme si les transferts de chaleur à travers toutes les parois de déperditions étaient quasiment instantanés.
Quelque années plus tard, VAN DIJK était déjà plus nuancé sur la méthode mensuelle (2013 (en annexe), 2018, 2022)...
Les gains internes sont comptabilisés en rapport direct avec le VPER, ce qui n’est pas vraiment une bonne corrélation par
rapport à une consommation électrique (principal gain interne par effet Joule, soit un préchauffage électrique du bâtiment).
Celle-ci dépend plus de la composition du ménage, c’est-à dire d’un rapport avec la surface habitable (ou éventuellement de Ach), ou encore avec le nombre de personnes admises en fonction du Code du logement appliqué au bâtiment certifié.
La problématique de l’inertie est revenue par l’intermédiaire de la remarque n° 94 du 04.08 du 04.08.2023 : m'enfin et la surchauffe ?
Il devrait paraitre évident que les apports solaires à travers les parois sans inertie qui bordent le VPER, apportent une quantité importante d’énergie calorifique, qui est complètement négligée par la méthode de calcul.
C’est ce qui conduit aussi à constater la présence de nombreux appareils de climatisation, dont les consommations interviennent d’une manière fort frustre dans les calculs de la certification PEB, quand ils sont présents.
7. Le double emploi des autoproductions électriques, quand elles existent.
Une remarque sur ce sujet apparait dans le mail du 27.03.2013 (en annexe).
Mais la discussion a continué par après, au moment où j’ai déposé mon rapport d’expertise sur la PEB (mail du 18.07.2014, en annexe).
Il semble évident que si on comptabilise des gains internes qui interviennent en bonus dans le calcul des besoins calorifiques du logement, alors qu’il s’agit essentiellement de l’effet Joule des appareils électriques dans le VPER, on ne peut pas dans le même temps, valoriser à 100 % l’autoproduction électrique dans le total de la consommation énergétique, puisqu’une partie est déjà intervenue dans les gains internes, en déduction des BNE.
Plusieurs discussions ont eu lieu à ce sujet, sans que rien ne change.
Du coup, les autoproductions électriques sont survalorisées dans le calcul PEB.
Du côté des panneaux solaires photovoltaïques, il y a eu des valses hésitations.
Au début, on tenait compte du fait que les panneaux étaient intégrés aux toitures, ou bien décollés.
Pour “harmoniser” la certification PEB avec les calculs PEB, cette distinction a disparu.
Mais le plus étonnant est que plus tard, elle est revenue pour le calcul PEB mais n’a pas été rétablie pour la certification PEB.
Les 4 coefficients utilisés pour les certificats PEB ont été remplacés par un seul, meilleur que les anciens (un bonus de 2,7 % à 21,6 %, selon les cas).
De sorte que les certificats issus de la méthode PEB, qui font intervenir des panneaux photovoltaïques, ne peuvent pas être comparés avec les certificats PEB des logements existants dans le même cas.
Ce serait utile de ramener l’homogénéité dans les 2 versions des certificats PEB.
8. Les consommations conventionnelles d’ECS.
Cette consommation est fonction du VPER, alors que ça devrait être une variable en fonction de l’occupation des logements, examinée sous l’égide du Code du logement.
Les variables peuvent être : soit Ach, soit le nombre de chambres, vu sous l’angle d’une occupation maximale en fonction de leurs surfaces.
9. Le problème de la surchauffe.
La surchauffe a déjà été évoquée.
Elle revient par l’intermédiaire de la remarque n° 94, ci-dessus au point 6.
10. La comptabilité simplifiée des consommations en énergie primaire.
J’avais envoyé un mail le 12.08.2012 à propos d’indicateurs secondaires pour appuyer et préciser le calcul simpliste en énergie primaire, qui globalise les différentes sources d’énergie sans aucune nuance d’origine, ni de quantité, ni de qualité (en annexe).
Il n’y a eu aucune réflexion sur le sujet depuis lors, alors que ce serait important d’examiner ces indicateurs sous l’angle de l’objectif 2050, à savoir le label A « décarboné ».
Ce n’est pas un simple bilan en énergie primaire qui va apporter la moindre piste de solution pour ce problème.
D’autre part, le coefficient d’énergie primaire de l’électricité est un coefficient parfaitement arbitraire qui n’a pas évolué depuis le début, alors que le mix énergétique wallon a été modifié.
Un changement arbitraire est intervenu notamment avec l’AGW du 10.05.2012, pour faire passer le coefficient d’énergie primaire pour l’électricité produite par des cogénérations de 1,8 à 2,5.
Prétextant qu’un kWh était toujours le même en production, par rapport aux centrales.
Peut-être pour faire passer les machines à cogénération comme des machines généralement “à énergie renouvelable”, ce qui apparait encore sur la première page des certificats PEB, dans la dernière réglette en bas à droite, alors que ce n’est pas correct ?
C’est cependant oublier le 2e principe de la thermodynamique et cela a eu pour conséquence, de doter les machines de
cogénération en PEB, de la faculté incroyable de produire plus d’énergie primaire qu’elles n’en consomment !
Même les pompes à chaleur ne sont pas entièrement des machines à énergie renouvelable, si l’électricité avec laquelle elles fonctionnent ne provient pas de sources entièrement renouvelables.
Il s’agirait vraiment de revoir ce chapitre.
La plupart de ces points ont déjà été développés dans toutes les remarques ou mails que j’ai envoyés lors de ces dernières années.
Je peux les reprendre un à un si vous voulez mais il faudrait d’abord montrer un peu d’intérêt pour changer les choses qui ne vont pas.
Je vous remercie de considérer que ce travail est bénévole, ce qui n’est pas le cas du vôtre, payé avec le produit de nos taxes et impôts.
Je suis bien conscient de ce que ça suppose comme travail de révision mais ça fait quand-même de nombreuses années que j’en parle, sans aucun frémissement de modification, ce qui n’est pas normal.
Comme si tout allait bien, sans aucun problème !
Il faut vraiment avoir la foi du charbonnier pour y croire…
Dans l’absence de toute modification fondamentale de la méthode, il faudra bien considérer que c’est en pleine connaissance de cause que vous décidez de ne rien changer, alors que vous savez que ce n’est pas correct.
Vous en porterez la responsabilité des graves conséquences pour les Wallons, en tant que service public.
En attendant, recevez mes sincères salutations,
Alain MEESSEN,
Ingénieur Architecte Expert,
Licencié en Physique du bâtiment,
Vice-président de l’asbl PEEB.